Pénurie des matériaux : les recommandations de la FFB

3 août 2021  - 
Durée des travauxTemps de lecture :  min

Un alliage de facteurs, que nous vous exposerons plus bas, a clairement influencé sur une hausse des prix des matériaux depuis le début de l’année. Le président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), Olivier Salleron, alerte depuis lors sur les risques de blocage des chantiers.

 

La FFB et son rôle face à la pénurie

 

Faire de la prévention

 

Forte de 50 000 adhérents, la fédération représente l’ensemble du secteur, poumon économique, puisque le bâtiment est le premier employeur de France. Une de ses missions principales est l’intervention auprès des pouvoirs publics dans la prise de décision qui ont une incidence sur le marché des entreprises et les conditions d’exercice de la profession. Une de ces situations est d’actualité puisque le secteur doit faire face à une hausse des prixrésultant d’une pénurie des matériauxqui risque de porter un coup de frein à l’activité d’un secteur déjà ralenti par les effets de la pandémie. 

 

Le président de la fédération, Olivier Salleron, indiquait que de plus en plus de matériaux sont affectés, au même titre que des composants. Ainsi après les plastiques et le polystérène, ce sont les composants informatiques, les puces et « tout ce qui est composants en silicium qui arrivent quasiment en rupture de stock » selon Olivier Salleron. Le résultat est sans appel, les prix grimpent de 20, 30 voire 40%. 

 

Défendre les professionnels 

 

Pour soutenir les professionnels qui risquent de souffrir de la situation, la FFB réclame la réactivation des ordonnances pour geler les pénalités de retard. Nombreuses entreprises du secteur se sont en effet endettées par l’intermédiaire d’un Prêt Garanti par l’État (PGE) : selon la FFB, au 9 avril 2021, environ 675 000 entreprises ont bénéficié du prêt pour un montant total de 137 milliards d’euros. Le PGE est un dispositif mis en œuvre pour aider les entreprises du bâtiment frappées de plein fouet par la crise économique induite par le coronavirus. Le dispositif étatique représentait une enveloppe de 300 milliards d’euros de crédits, accordés par les établissements bancaires mais couverts par la puissance publique

 

Les grands bénéficiaires de ces aides sont les TPE (entreprises de moins de 10 salariés) en difficulté, mais qui représentent en même temps la grande majorité du nombre d’entreprises du secteur du bâtiment. Cependant une fois la distribution passée, vient l’heure du remboursement. La loi des finances restrictives du 23 mars 2020 stipule que les entreprises pourront étaler leur remboursement sur une période de 6 ans. Après un an, les entreprises pourront rembourser immédiatement leur prêt, l’amortir sur les cinq années suivantes, ou mélanger les deux solutions. Les entreprises peuvent également choisir un report d’un an puis une mise en amortissement ; durant cette année supplémentaire seuls les intérêts et le coût de la garantie de l’État seront dus. 

 

Un PGE à double tranchant

 

Face à la menace de plus en plus imminente des effets de la pénurie de travaux, plusieurs organisations patronales, au premier rang desquelles on retrouve la Fédération Française du Bâtiment, dénoncent le fait que les entreprises concernées par le prêt doivent dès maintenant se prononcer sur le mode de remboursement qu’elles souhaitent choisir, alors même que l’incertitude règne quant à la poursuite d’activité. 

 

La FFB recommande en conséquence aux entreprises de choisir un report d’un an pour surmonter cette nouvelle phase de difficultés pour les trésoreries. Beaucoup d’acteurs de la filière se mobilisent pour alléger les conditions de remboursement : en passant d’un délai de 6 à 8 ans et en restructurant les échéances de la dette. Les TPE du bâtiment risquent en effet de se trouver en situation de surendettement ou de brimer leurs investissements futurs si les mensualités sont trop importantes. Les menaces pour la rentabilité des entreprises est donc bien réelle, et le FFB tire la sonnette d’alarme.

 

D’où vient la pénurie ?

 

Un besoin d’espace et donc de construction

 

Depuis le premier confinement, le temps passé à la maison a explosé pour la très grande majorité des ménages. Un besoin de plus confort s’impose pour un grand nombre de personnes, qui voit de plus en plus l’embellissement de son bien immobilier comme un investissement sûr. Cette envie se traduit autant par des rénovations intérieures, par un élargissement d’espace, par des déménagements que par des constructions de nouvelles propriétés. 

 

La tendance ne semble d’ailleurs pas s’essouffler depuis la fin du premier confinement. Comme la plupart des secteurs, le bâtiment a dû arrêter son activité sur une période de deux mois, en mars et avril de l’année dernière, accusant un retard certain. Cependant depuis, pour les raisons exposées ci-dessus, les commandes explosent et les calendriers des professionnels se remplissent généreusement. Si de grandes disparités ravagent le secteur et entravent les Très Petites Entreprises (TPE), il reste tout de même l’un des plus dynamiques de l’économie, surtout pour les indépendants et grosses entreprises. Le premier trimestre 2021 affichait ainsi une hausse d’activité du bâtiment de 4,6% par rapport à l’année dernière sur la même période. 

 

Cette grande effusion d’activité ne va cependant pas sans son lot de complications. La dynamique effervescente se voit ainsi freinée en ce moment par des problèmes de pénuries de matériaux, de retards de livraisons et donc de retards sur les chantiers. Malgré une demande en hausse, la bonne relance semble largement compromise.

 

Un secteur grandement sollicité

 

Comme on l’a vu, les demandes auprès des professionnels du bâtiment explosent. D’un côté les particuliers sont plus enclins à réaliser des travaux chez eux ou à entreprendre des opérations de gros œuvre, de l’autre les chantiers publics se multiplient et les plannings accusent encore le coup du retard amassé durant le confinement. Les conditions sanitaires n’ont pas facilité la reprise d’activité et une certaine désorganisation a pu aussi entraîner des retards en 2020. 

 

On rappelle que la demande des particuliers est en pleine expansion à cause des situations répétées d’enfermement en raison de la crise sanitaire, un véritable détonateur pour tous ceux qui envisageaient des travaux chez eux ou qui avaient un plus grand projet, de construction par exemple. Au détriment de certains secteurs en arrêt partiel ou complet depuis des mois, la restauration ou la culture par exemple, nombre de ménages ont estimé que les économies réalisées étaient le moment opportun pour se lancer dans des travaux. Tous ces facteurs expliquent l’activité nerveuse du bâtiment et de ses professionnels. 

 

Mais le tout ne va pas sans son lot de difficultés, et entre demande explosive et désordre il n’y a parfois qu’un pas. Ajoutons que cette tendance à la reprise d’activité bouillonnante est assez généralisée, elle ne concerne pas que la France, ce qui explique en partie la pression qui s’accumule sur certaines matières premières. Ainsi, et nous arrivons au sujet qui nous intéresse, le secteur du bâtiment commence à s’embourber dans une situation de pénurie des ressources et des matériaux. Les causes sont multiples quant à la raréfaction des matières premières disponibles. 

 

Il s’agit en vérité moins d’un problème de manque de matières que de désorganisation. Comme on l’a vu, la reprise d’activité du BTP après un arrêt brusque et forcé a été explosive et cela a surpris l’ensemble de ses acteurs. Dans un contexte de mondialisation comme le nôtre, un imprévu dans une filière d’approvisionnement sur un point du globe va impacter très directement d’autres points du globe. La crise sanitaire n’épargnant personne ou presque, le désordre s’est généralisé, jusqu’à créer des bouchons sur la demande. Une fois les filières d’approvisionnement désordonnées, toutes les demandes se sont concentrées et les prix ont grimpé.

 

Premier arrivé, premier servi
 

Plusieurs acteurs internationaux ont choisi d’opter pour un réapprovisionnement massif de ressources pour faire face à la demande exponentielle. Le bois, le cuivre, l’acier et même le PVC semblent dans le viseur, ce qui se traduit par une envolée des prix de 30 à 50% des ressources, ainsi que par des retards de livraisons des matériaux. C’est donc notamment le fruit d’une politique agressive de relance du bâtiment, dopée par des investissements étatiques massifs de la part de la Chine et des États-Unis, qu’on assiste à un véritable conflit des ressources qui pourrait bien porter préjudice aux entreprises et indépendants français. 

 

La situation est multi-factorielle mais une des causes de la pénurie de matériaux, et plus précisément du bois, est très certainement la politique menée par Donald Trump vis-à-vis du bois canadien. L'ancien président des États-Unis a en effet décidé, l'an passé, de taxer le bois provenant du Canada, jusqu'ici principal fournisseur de son pays. Cette décision a poussé les entreprises américaines à s'approvisionner dans les pays d'Europe, notamment l'Allemagne et l'Autriche, à des prix qu’elles estimaient plus avantageux. Ce phénomène a logiquement provoqué une raréfaction du bois disponible en Europe, et une augmentation en flèche des prix. 

 

Une situation multi-factorielle 
 

On se doit aussi d’analyser un autre facteur :  l’envolée du prix du fret maritime. Depuis le début de la crise sanitaire, le nombre de conteneurs disponible ne suffit plus et leur pénurie entraîne une irrépressible flambée des prix. Les firmes européennes sont les premières à en subir les conséquences et de nombreux industriels et économistes tirent la sonnette d’alarme. Ainsi à la fin de ce mois de juillet, les prévisions annoncent une hausse du prix des importations depuis les États-Unis de 2% plus chères, tandis que les importations depuis la Chine coûtent déjà 6% plus chères depuis la fin d’avril. 

 

En fait , de très nombreux porte-conteneurs et leurs conteneurs sont bloqués dans des ports partout autour du monde en raison de leur soumission à des normes sanitaires strictesde décontamination, ce qui entraîne un manque de conteneurs pour les échanges depuis la Chine. Parmi ces exportations on retrouve beaucoup d’échanges de matières premières. La conjecture s’est d’ailleurs envenimée à la suite de bloquage du Canal de Suez du 23 au 29 mars dernier, un événement qui commence à dater mais dont les répercussions économiques vont perdurer à cause des retards entraînés. 

 

On l’a dit, le bois est la première ressource en difficulté, mais les autres ne sont pas en reste. La vague de froid historique qui s’est abattue au Texas en février 2021 a ainsi provoqué des coupures d’électricité répétées, perturbant ainsi les chaînes d’approvisionnement mondiales de nombreux biens de consommation. Le plastique est concerné puisque de grands sites pétrochimiques ont dû fermer leurs portes le temps que la température remonte. Le cours du PVC aurait ainsi doublé par rapport à l’année dernière. 

 

On estime que certains sites remettraient des mois avant leur complète remise en service, on voit donc qu’un évènement épisodique a des conséquences sur le long terme et à l’échelle internationale. Finalement, le 15 mai dernier, une explosion mortelle frappe une des grandes usines chimiques allemandes, impactant aussi le monde des mélanges chimiques du bâtiment (peintures, adhésifs, couleurs…). Comme on le voit donc, la pénurie des matériaux est le fruit d’un processus multi-factoriel

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